Et si l’on parlait des trains qui arrivent à l’heure?

Je suis convaincu que la préservation des terroirs, au sens où je les entends (sols + climat + traditions et méthodes culturales) est une bonne chose. La conception qui a présidé à la fondation des appellations allait dans ce sens. Elle a malheureusement été dévoyée, voyez-vous.

Plutôt que de donner à nouveau des exemples de déviances, de mentions vides de sens, d’amalgames qui sont pour moi autant de tromperies sur la marchandise, j’ai envie de penser positif, de parler de ce qui va bien. Des trains qui arrivent à l’heure, parfois… Nous sommes encore en janvier. N’est-ce pas toujours l’heure des bonnes résolutions?

HoraireTrain

One after 909

Quand l’origine est vraiment dans la bouteille

Une des plus belles dégustations auxquelles il m’a été donné de participer, ces dernières années, a été celle de Côte-Rôtie organisée chez In Vino Veritas. Deux maîtres mots: homogénéité dans la qualité. Cela ne voulait pas dire que tous les vins étaient pareils. Une bonne cohésion de l’AOC n’empêche pas chaque producteur d’apporter sa « patte » de vigneron.

Dans un même ordre d’idées, mais hors de l’Hexagone, je pense à la dégustation des Fiano d’Avellino organisée sur place. Là encore, tous les vins ne se ressemblaient pas (surtout que l’effet millésime jouait à plein), mais il y avait un gros fil rouge – ou blanc, en l’occurrence. Un cépage exprimant un terroir, ou vice versa – et le tout, interprété par des vignerons. Un peu comme des musiciens donnent vie à leurs instruments, eux-même mis au service d’une oeuvre, d’une partition qui date parfois de plusieurs siècles…

Toujours dans l’esprit des ces appellations qui en sont vraiment, ou qui le redeviennent, j’ai envie de citer Les Baux-de-Provence, Patrimonio, La Livinière, Les Terrasses-du-Larzac, Fitou et Bourgueil. Et puis Cahors, qui revient de tellement loin. J’en oublie, bien sûr, mais ce sont celles qui me viennent à l’esprit aujourd’hui.

Yes, they can!

Autant d’îles de typicité (même si je n’aime guère le mot, mis à toutes les sauces) dans un océan de médiocrité et de compromissions? Peut-être, je n’aime pas généraliser, car il y a de bonnes volontés un peu partout. Surtout, j’ai envie de commencer l’année sur une note d’espoir. C’est mon côté enfant de choeur.

Si ces appellations-là sont capables de le faire – je veux dire, de mettre de l’ordre dans LEUR  maison, de fédérer sans diluer, de rassembler sans édulcorer, alors d’autres le peuvent.

S’il est juste de dénoncer les abus (y compris les abus de langage), il est juste aussi de reconnaître que certains ne font pas qu’utiliser leur petit coin de vignes, son nom, son histoire, sa réputation, à des fins marketing ou commerciales, mais qu’ils le mettent vraiment en valeur.

C’est souvent d’abord une aventure humaine. Une poignée de battants qui se groupent pour faire respecter leur patrimoine commun. Se battent contre les moulins sataniques de la course au volume et au rendement, de la consommation de masse, du moins disant viticole.

J’avais envie de leur rendre hommage et aussi de leur dire: vous n’êtes pas seuls. Votre combat est juste, n’en changez pas; et comme journaliste, épris de vérité, épris de la réalité derrière les mots, vous aurez toujours en moi un allié.

Hervé Lalau