Quelques heures en Vendômois

Une petite sélection de photos prises le mois dernier sur les hauteurs de Vendôme, au pays du pineau d’Aunis et du chenin…

Ce qui ne transparaît pas sur ces photos, cependant, c’est le vent et le froid vif qui nous assaillait sur ce plateau. Et pourtant, un viticulteur taillait un peu plus bas dans la vigne.

Ce sont des moments comme ceux là où l’on ce dit qu’il est bien plus facile de prendre quelques minutes à commenter un vin, bien calé sur sa chaise, que de le produire, de bichonner sa vigne tout au long de l’année, qu’il gèle, qu’il vente, qu’il pleuve à verse ou qu’il canicule…

Hervé

Charité bien ordonnée…

Commence par soi-même.

Aussi, quand je lis dans le journal La Dernière Heure un édito sur la nécessité de « mettre de l’ordre » chez les influenceurs, je me dis que les grands quotidiens devraient aussi mettre de l’ordre dans leurs publicités plus ou moins déguisées.

 

Qu’est-ce qu’un « contenu de partenaire », en effet, si ce n’est un publi-rédactionnel payé? Et pourquoi le journal en publie-t-il, de ces publicités déguisées, à côté de vrais articles, dans la même mise en page, avec pour seule différence cet avertissement « contenu de partenaire », qui prête à confusion. Surtout quand le titre de la rubrique mentionne « Nos derniers articles conso »…

 

Car quoi, la rédaction approuve-t-elle ou non le contenu? Et le partenaire est-il autre chose qu’un annonceur? Qu’en pense l’Association des Journalistes professionnels?

Hervé Lalau

Quand Hervé parle d’Hergé

L’autre jour, en promenant mon chien dans les rues de Boitsfort, quartier vert du Sud de Bruxelles, je suis passé devant la maison du génial dessinateur de Tintin, j’ai nommé Georges Remi, alias Hergé.

Pas de plaque, rien pour indiquer cette tranche du passé, mais c’est bien là, au 17 de l’avenue Delleur, qu’Hergé a habité de 1939 à 1953.

 

Et c’est donc là qu’il a conçu une bonne partie des Tintin, du Crabe aux Pinces d’Or à Tintin au Pays de l’Or Noir en passant par L’Etoile Mystérieuse, Le Secret de la Licorne, Le Trésor de Rackham Le Rouge, Les 7 boules de Cristal et Le Temple du Soleil.

Une île en ville

La maison n’a rien de remarquable, si ce n’est que que ses deux façades donnent sur deux rues différentes – dont une, un étage plus bas que l’autre; ce qui la fait ressembler à un îlot, ou à un bateau. La maison suivante, d’ailleurs, se termine en pointe, comme la proue d’un navire. C’est peut-être cela qui a donné à Hergé l’idée d’aventures en mer pour son héros?

 


C’est du belge


Il a fallu que je m’installe en Belgique, dans les années 1980, pour que je réalise que Tintin et son créateur étaient belges; et même, que certaines planches de ses albums étaient inspirées d’endroits situés à Bruxelles ou dans les environs.
Les amateurs de BD seront peut-être surpris d’apprendre qu’un autre auteur célèbre a grandi et vécu non loin de là (rue du Brésil), à savoir Franquin, l’auteur de Gaston Lagaffe.


Et le vin dans tout ça?


Le rapport avec le vin? Pas le moindre. Même si, c’est sûr, Hergé était plus porté sur le nectar de Bacchus que sur les sodas (ni l’eau minérale de Klow, ni le Sani-Cola).
Les amateurs se rappelleront sans doute du Fendant du Valais, dans L’Affaire Tournesol, ou encore du rosé portugais, dans Le Crabe aux Pinces d’Or. Sans oublier le whisky Loch Lomond (Cf L’Ile Noire).

 

Les Tintinophiles qui m’ont suivi jusqu’ici apprécieront, j’espère, ces photos chargées d’une dose d’histoire de la BD. Les autres voudront bien excuser cette digression.

Hervé Lalau

Célébrités et petites mains – le cas Carole Bouquet

Notre AFP nationale se fend d’un beau communiqué sur une actualité vineuse… et people:

«L’actrice française Carole Bouquet, qui est également vigneronne en Sicile, a été désignée jeudi « personnalité de l’année » par la Revue du vin de France (RVF), qui salue en elle une amatrice et « avocate de tous les vins ». Elle fait partie des 12 lauréats des « Grands prix du vin » remis chaque année par la revue, qui récompensent des personnalités œuvrant à « faire rayonner la culture du vin » en France. « C’est mieux qu’un Oscar! Faire du vin ce n’est pas mon métier, mais ils ont compris que j’avais une passion pour cette terre », s’est réjouie l’actrice auprès de l’AFP. Carole Bouquet a acheté il y a 20 ans une propriété sur l’île volcanique de Pantelleria, avec quelques hectares de vigne abandonnés qu’elle a remis en état au prix d’un « travail titanesque ». Elle y produit désormais 5 000 bouteilles de vin blanc doux « Sangue d’Oro » chaque année. « Sans origine viticole, elle s’est prise de passion et a décidé d’y faire un vin liquoreux, très compliqué à produire, qui réclame beaucoup de temps. Elle a forcé notre admiration », a dit le rédacteur en chef de la revue, Denis Saverot, à l’AFP».

Voila qui fera peut-être s’intéresser les Français aux vins siciliens. Cependant, Mme Bouquet ne produit que quelque 14.000 bouteilles par an, alors il n’y en aura pas pour tout le monde!

Par ailleurs, dans son article sur les vins de Pantelleria, notre confrère suisse Pierre Thomas nous révèle que l’actrice passe peu de temps sur l’île.

Il est dommage que la RVF n’ait pas pensé à associer à ce prix ceux qui font le vin. Voire à le leur décerner directement. Mais il est vrai que le nom de l’oenologue ou du chef de culture de Mme Bouquet n’aurait sans doute pas valu à la RVF une dépêche AFP.

Charles III n’aime pas le foie gras… moi, si.

Charles III d’Angleterre ayant décidé de bannir le foie gras des réceptions de ses résidences royales, à la grande satisfaction des « animalistes » de PETA, j’ai immédiatement décidé d’en acheter un beau morceau (origine Landes).

Pas parce que j’espère compenser le manque à gagner que le dédain royal pourra occasionner aux producteurs méritants de ce chef d’oeuvre gastronomique, non; mais plutôt pour leur envoyer un encouragement, même symbolique. Aimant autant le Sud-Ouest que l’Alsace, et leurs produits de tradition, je ne peux que les soutenir – d’autant que j’adore le foie gras.

De tous les Charles III, je préfère donc celui-ci, dit « Le Simple » – un roi français, qui, lui, n’a jamais interdit le foie gras… Tout simplement.

J’en profite pour signifier une fois de plus aux activistes de PETA, Gaia et consorts que je ne me soumettrai pas à leur dictat. Ni sur le foie gras, ni sur la viande, ni sur l’élevage, ni sur le miel, ni sur la gélatine, ni sur le blanc d’oeuf dans le vin…

Car ne vous y trompez pas, le foie gras n’est que le début; le but ultime, c’est la fin de la soi-disant « exploitation animale » (y compris la vente d’animaux de compagnie).

Et si l’on ne s’élève pas contre leurs théories, qui, pour être minoritaires, ont apparemment pas mal de soutiens politiques, on les encourage. Qui ne dit mot consent.

Hervé Lalau

Plusieurs AOP fromagères abaissent les exigences de leurs cahiers des charges

Les arrêtés sont parus au journal officiel ce 30 octobre: plusieurs appellations fromagères de renom comme le Munster, la Fourme d’Ambert, le Bleu des Causses, le Bleu d’Auvergne, la Rigotte de Condrieu et le Brocciu ont obtenu d’abaisser les exigences de leurs cahiers des charges en matière de fourrage. Concrètement, cela signifie que la part du fourrage extérieur à leurs aires d’appellation respectives a été augmentée afin de pallier le manque d’herbe. Dans le cas du Munster, on est ainsi passé d’une tolérance de 5% d’approvisionnement extérieur en fourrage, à 20%.

La part du fourrage devant être produit sur l’exploitation a dans le même temps été abaissée de 70 à 60%.

Ces règles seront d’application jusqu’au 15 mai 2023.

Une autre solution aurait consisté à suspendre les AOP, ou à en limiter la production, mais ce n’est pas celle qui a été retenue.

Ce type de dérogations n’est pas limité aux périodes de sécheresse (ainsi, au début de la crise du Covid, quand les commerces avaient dû fermer, les producteurs de certaines AOP avaient obtenu de pouvoir utiliser des laits congelés). Ni aux fromages. 

Ceci pose cependant un problème plus vaste: si les pouvoirs publics estiment que ni la qualité du produit ni la promesse d’origine de l’appellation ne sont affectées par ces dérogations, pourquoi ne pas carrément intégrer ces assouplissements aux cahiers des charges de manière permanente?

Hervé Lalau

Quelques cuvées des Champagnes Chassenay D’Arce

Chassenay d’Arce, ce sont 130 familles de viticulteurs de la Côte-des-Bar. Trois générations, 12 communes, pour un total de 315 ha, sur un rayon de 25 kilomètres, avec, comme plus grand dénominateur commun, des sols du kimméridgien assez proches de ceux de Chablis.

La cave a une capacité de traitement de 500 tonnes de raisin par jour et grâce à la pente du terrain, notamment, elle peut travailler par gravité, ce qui évite les pompages inutiles. Un système élaboré de tri des raisins, par cépage, par qualité et par parcelle, couplé à la présence de petites cuves, permet à Chassenay d’Arce de produire un assez grand nombre de cuvées, dont certaines, aussi rares que bluffantes, comme son pinot blanc. La cave est aussi réputée pour la qualité de ses élevages longs : aucun vin n’en sort avant ses 36 mois.

La gamme de Chassenay d’Arce se répartit en trois lignes de produits : les Essentielles, les Caractères et les Confidentielles. Nous les aborderons dans l’ordre.

 

Chassenay d’Arce Cuvée Première Brut

Pinot Noir et Chardonnay sont assemblés pour cette Cuvée Première, qui donne un nouveau sens au mot «entrée de gamme»…

Ce qui séduit dès l’entrée, ce sont les fruits bien mûrs (pêche abricot, reine-claude) et les fleurs blanches. La bouche confirme, et à ce tableau champêtre viennent s’ajouter des notes de tilleul, de verveine, de miel d’acacia et de fleur d’oranger. L’acidité est bien intégrée, elle donne sa charpente et son dynamisme à ce vin. La finale offre une amertume très sapide… et l’envie de la deuxième gorgée.

 

Chassenay d’Arce Pinot Blanc Extra Brut

Non, le Champagne, ce n’est est pas que du Chardonnay, du Pinot Noir ou du Meunier. Le Pinot Blanc est bel et bien autorisé, même s’il est devenu rare – et encore plus rare en 100%, comme dans cette cuvée millésimée, qui n’est élaborée que dans les grandes années. Une initiative remarquable, puisque chez Chassenay d’Arce, ce cépage représente 1% de l’encépagement.

Le jeu en valait-il la chandelle ? Oui, trois fois oui.

Oui pour le nez, qui nous régale avec ses notes de pomme, de mirabelle et de pierre à fusil. Oui pour sa bouche très franche, vive et très discrètement dosée, qui évoque le raisin frais (un arôme curieusement assez rare dans le vin, produit fermenté). Oui enfin pour sa finale saline. Un vin rare, mais aussi, un vin de grande classe.

Chassenay d’Arce Rosé Brut

Quelle belle robe ! Le saumon éclate à l’œil. Le premier nez est plus discret, mais attendez quelques secondes et avec le fin cordon de bulles monte un joli panier de fruits rouges (cerise, groseille, framboise) ; ils sont rejoints en bouche par des arômes un peu plus exotiques (agrumes, pâte d’amandes) ; c’est élégant, délicat, le dosage est très bien fondu dans la texture du vin. Ce Champagne réconciliera néophytes et connaisseurs. Mais aussi, les apéros, les viandes blanches et les poissons.

Chassenay d’Arce Blanc de Noirs Brut 2012 

Un nez très expressif de fraise et de nez de pêche de vigne, suivi en vbouche par une solide charpente tannique, mais surtout, un mix très particulier de fumé, d’épicé et de salinité, grâce auquel ce Champagne vineux reste bien tendu. 5% de la cuvée passent en fût. Dosage : 5 grammes. 

Prix de vente indicatif: 31,5 euros

Chassenay D’Arce Confidences Blanc Brut 2009

Avec ce Champagne, on donne dans le solide, le crémeux, le vineux ; mais cela reste empreint d’une certaine subtilité, avec de jolies notes d’anis, de pain d’épices, et une belle amertume en finale. Ce vin est issu de sélections parcellaires de vieilles vignes (plus de 30 ans), pour lesquelles les adhérents doivent postuler. Elle contient 92% de Pinot Noir, 5% de Pinot Blanc et 3% de Chardonnay. C’est la première fois que l’on a millésimé cette cuvée, en 2009.

Dosage : 7 g. Prix de vente : 56 euros 

 

Hervé Lalau

Au fil de la Garonne

J’ai déjà évoqué abondamment ici-même l’importance des grands axes de communication pour le développement des vignobles dans l’histoire. Récemment, au détour d’un dossier sur le fer, alias braucol, alias mansois et j’en passe, j’ai abordé le rôle crucial joué par le Chemin de Compostelle dans la diffusion des cépages et dans l’essor de la production. Mais il ne faut pas négliger l’autre grand axe commercial de la région, croisant le premier à hauteur d’Agen, à savoir la Garonne.

Ce n’est pas un hasard si de Gaillac à Marmande et Duras, en passant par Cahors, les vignobles du Sud-Ouest suivent le cours de la Garonne ou de ses affluents

Car les fleuves ont longtemps été les voies les plus praticables pour le transport des denrées un tant soit peu pondéreuses, comme le vin. Peut-être pas les plus rapides, mais certainement les plus sûres en des temps troublés comme ceux qui ont émaillé l’histoire de l’Europe depuis le Moyen-âge, voire plus loin encore.

De Gaillac à Duras

Même si la Garonne n’était pas navigable sur tout son cours, la partie «utile» pour le commerce égrainait sur ses rives un chapelet d’appellations, sur plus de 200 km. Même Gaillac la Languedocienne, quelque peu excentrée à l’Est, était reliée à la Garonne via le Tarn, les gabares à fond plat descendant les vins jusqu’à Bordeaux. Plus en aval, les vins du Brulhois, de Lavilledieu, de Saint-Sardos, de Buzet et du Marmandais pouvaient aussi profiter aussi du fleuve pour rejoindre l’Océan; de même pour Duras, via le Dropt, et même Cahors, via le Lot. 

L’exception à la règle étant le Fronton, dont le marché principal était Toulouse, métropole assoiffée que ses vins atteignaient par voie de terre.

Quant aux autres bassins viticoles importants du Sud-Ouest, eux profitaient d’autres fleuves : l’Adour et Bayonne pour Madiran, Saint-Mont et l’Armagnac (sauf pour la Ténarèze qui utilisait plutôt la Baïse, puis la Garonne) ; le Gave de Pau pour le Jurançon et les vins du Béarn ; la Dordogne pour les vins du Bergeracois ; la Charente pour le Cognac.

Messieurs les Anglais, buvez les premiers…

La Garonne est un axe d’autant plus important pour les vins du Sud-Ouest que de 1152 à 1453, les Anglais sont chez eux en Aquitaine, alias Guyenne (relire à ce sujet l’excellent «Quand les Anglais vendangeaient l’Aquitaine», de Jean-Marc Soyez) et même dans une bonne partie de la Gascogne et de l’Armagnac. Même si les limites de leur emprise fluctuent avec le temps, le Port de la Lune, à Bordeaux, devient pour plusieurs siècles le passage obligé vers le juteux marché britannique.

En différentes nuances de rouge, les possessions anglaises en France sous les Plantagenêts

Ce lien perdurera d’ailleurs bien au-delà de la reconquête française, après la bataille de Castillon; car une fois les habitudes de consommation prises, les réseaux tendent toujours à se maintenir: ainsi, à Lavilledieu (entre Montauban et Castelsarrazin), des archives attestent qu’au 17ème siècle, les vins (souvent distillés) ont toujours comme débouché l’Angleterre et ses colonies, ainsi que la Hollande, quand ces pays ne sont pas en guerre avec la France.

Les preuves de l’importance de ce commerce fluvial pour les vins se retrouvent dans de nombreux actes officiels.
Ainsi, en 1253, Richard III d’Angleterre se fait envoyer 20 barriques de vin de Gaillac. Au tout début du XIVe siècle, des archives permettent même d’estimer à 40% la part de Gaillac dans l’ensemble des transports de vins sur le bassin de la Garonne. Notre confrère Hugh Johnson soutient même que leur qualité devait être supérieure à celles de vins de Bordeaux à l’époque, pour que les négociants anglais, mais aussi flamands ou parisiens prennent la peine de les acheter et de les faire transporter si loin de l’embouchure.

On sait aussi que Richard Cœur du Lion, en 1274, a considérablement favorisé l’essor des vins de l’abbaye cistercienne de Grand Selve (aujourd’hui Saint-Sardos) en leur accordant la libre circulation sur la Garonne. Les vins de l’abbaye réjouirent donc les palais anglais jusqu’en 1357, date à laquelle les Bordelais pillèrent les chais que Grand Selve possédait à Bordeaux.

Et puisque l’on parle de têtes couronnées, notons que des Cahors figuraient sur la table du mariage entre Aliénor d’Aquitaine et Henri II d’Angleterre; et qu’au tournant du XIVe siècle, ce ne sont pas moins de 800 tonneaux de Cahors qui transitent par Bordeaux.

D’autres «vins noirs», ceux du Brulhois (bord de rivière, en occitan) sont aussi intimement liés avec le fleuve ; après la période anglaise, qui favorise aussi leur essor, le lien avec l’Angleterre et la Hollande se conserve du fait de l’appartenance de la région au Duché d’Albret, protestant.

Notons aussi que Marmandais, Duras et Brulhois, possèdent un trésor commun : outre les classiques cabernets et merlots, leurs vignobles renferment tous les trois de l’abouriou, un cépage rouge issu de la magdelaine des Charentes (autre preuve de la présence d’un axe Sud-Est/Nord-Ouest).

Haut-Pays, je t’aime moi non plus

Entre le Haut-Pays (tous les vignobles en amont du Bordelais) et Bordeaux, c’est une relation d’amour-haine qui dure pendant des siècles, les négociants bordelais tentant de freiner la concurrence des vins venus de l’amont. Ceux-ci s’appuyent sur un Privilège attribué par Henri III d’Angleterre, qui leur permet de bloquer l’entrée des vins du Haut-Pays avant Noël, leur laissant le temps découler leurs propres vins avant cette date. Ce qui ne les empêchent pas, quand ils y voient leur intérêt, d’en acheter pour «remonter» la qualité, la couleur ou le volume de la production girondine, notamment dans les petites années.

Bordeaux au début du 18ème siècle

A long terme, ces assemblages ne profitent guère au Haut-Pays, cependant, car leur production en devient anonyme.

Louis XVI met fin au privilège bordelais, mais les troubles de la Révolution puis les guerres de l’Empire gênent le commerce maritime. Puis, avec l’apparition du chemin de fer, de nouvelles voies de transport se créent, de nouveaux débouchés aussi, et le fleuve devient moins important.

Mais des siècles d’histoire commerciale ne peuvent s’effacer tout à fait; la notoriété des vins, jusqu’à leurs noms parfois sont liés à la Garonne ou à ses affluents, leurs dénominations actuelles étant parfois, non celles des finages où ils étaient produits, mais plutôt celles des ports sur la rivière d’où ils étaient chargés. C’est pourquoi on parle toujours aujourd’hui de vin de Gaillac ou de Cahors, quand bien même les vignes sont parfois assez éloignées de ces villes. Un peu comme on parle de Porto, de Jerez, de Marsala, et bien sûr, de Bordeaux.

Hervé Lalau